Rêve étrange
Cette nuit j'ai fait un rêve étrange. Je me trouvais dans un lieu feutré magnifiquement décoré de feuillages orientaux et de damaseries diverses. Dans la chaleur du lieu éclairé de milles bougies orangées, les gens évoluaient comme en apesanteur et discutaient à voix basse comme pour ne pas réveiller certains endormis sur les coussins de soie.
De partout on pouvait voir des ballets langoureux de couples enlacés où soumis et soumises habillés de cordes de chanvres dansaient peau contre peau contre leurs tendres Maîtres. Ici un soumis à genoux, le visage sinué de cordes baisait le pied menu de sa Dame, un peu plus loin une demoiselle collée à la jambe de son compagnon, mains jointes derrière le dos et plus loin encore une belle sous karada avait les épaules collées amoureusement à celui qu'elle chérissait visiblement assez pour y être liée.
Chaque couple semblait en effet danser, lentement comme au ralenti dans un ballet sans fin où l'encordé tel une marionnette était rattaché à l'encordeur. C'était étrange et irréel, comme dans certains rêves où vous ne savez plus très bien si vous êtes éveillé pas. Je cherchais mon tendre des yeux, vainement dans tous les recoins. Aucun visage ne m'étais familier et j'eus l'impression de m'être perdue seule dans ce lieu étrange où un soumis à mes pieds me souriait servilement.
Lui savait qui j'étais visiblement, alors que je n'avais aucune souvenance de son visage et il semblait convenu qu'il reste juste là à ma cheville, attentif à mes moindres désirs puisqu'il me suffisait de penser pour qu'il se précipite réalise chacune de mes envies. Je testais plusieurs fois le bonhomme, pensant *Dieu que j'ai soif* ou *Seigneur, comme j'aimerais une longue Dumont blonde*, mais à chaque fois, sans qu'un seul mot soit sorti de ma bouche il était là à genoux, souriant, les mains tendues, ma boisson préférée en main ou tout autre chose que ma pensée avait formulé.
Seul mon désir de him restait sans réponse, il n'était nulle part, j'eus beau inspecter chaque encordé, point de sunshine en vue et point d'amis ou connaissance dans cette soirée étrange.
Soudain une Dame se leva d'un fauteuil et s'avança vers moi, toute habillée de voiles pourpres et de broderies vertes qui la décoraient sublimement de la tête aux pieds. Seuls ses yeux étrangement lumineux émergeaient de sa tenue et sous le voile je vis qu'elle me souriait. Elle écarta le mâle d'un bout de pied vernis et je vis qu'elle m'était famillière, nous avions si souvent conversé ailleurs qu'elle se reconnaitra...
Elle voulait jouer avec mes cordes et aussitôt mon servant me les tendit. C'était bien les miennes, douces, chaudes et si souples sous mes doigts. Elle voulait les essayer me dit elle, juste sur son visage en lié, délié sur ses yeux, en enlacé sur ses oreilles et dans ses cheveux, mais elle voulait le voile enlaçé sous les cordes, son voile vert rempli de paillettes et de diamants rutilants. Je n'avais jamais fait de shibari aussi compliqué sur un visage, mais on ne refuse rien à une Dame, surtout aussi charmante. je fis donc de mon mieux, créant une toile fine et perlée tout autour de son visage.
J'espère qu'elle en a été ravie car à ce moment là je me suis réveillée, les doigts encore engourdit de tous ces noeuds délicats qui entamaient une minerve de chanvres...